アントワーヌ・アダン
博士論文
イタリア自然主義の影響について
La première fois que l'influence de Vanini se révèle dans l'œuvre de Théophile, c'est dans son Elégie à M. de C[andale]. Nous avons déjà parlé de cette œuvre importante et nous l'avons datée des environs de 1618. Elle offre, dans l'histoire de la pensée de Théophile, un très haut intérêt parce que, pour la première fois, Théophile y adopte un ton de philosophe. Jusqu'ici il s'est borné à des odes sentimentales, à des éloges de quelque personnage, à des épigrammes. Le ton maintenant change. Lisons les premiers vers : "Quand la Divinité, qui formoit ton essence, / Vid arriver le temps au poinct de ta naissance, / Elle choisit au Ciel son plus heureux flambeau, / Et mit dans un beau corps un esprit aussi beau." Le poète continue : "La trempe que tu pris en arrivant au monde / Estoit du feu, de l'air, de la terre et de l'onde, / Immortels élémens, dont les corps si divers, / Estrangement meslez, font un seul univers, / Et durent enchaisnez par les liens des ames, / Selon que le destin a mesuré nos trames. (...)Conception nettement matérialiste et qui expliquait l'homme à l'intérieur et non au dessus du système de la nature. « Un seul univers », nous dit Théophile. Nous en faisons partie et comme lui nous sommes formés des quatre eléments. Ceux-ci sont immortels. Un moment les âmes les enchaînent. Cela dure le temps que le Destin a voulu. Puis les éléments reprennent leur course éternelle. Voilà des idées que Théophile a empruntées à Vanini. Celui-ci refuse d'admettre la conception orthodoxe de la matière. Elle n'est pas, d'après lui, pure puissance. Elle est le réservoir inépuisable qui contient toutes les formes. Celles-ci sont éphémères, mais les éléments reconstituent infatigablement de nouveaux groupements. On reconnaît ici le vieux naturalisme italien. Par Vanini, Théophile a appris à connaître cette philosophie qui sera désormais la sienne. L'homme ainsi compris n'est plus le roi de la nature. Il n'en est guère qu'un chainon. Voyons ce qu'en dit le poète."Triste condition, que le sort plus humain / Ne nous peut asseurer au soir d'estre demain ! / Ainsi te mit nature au cours de la fortune / Aussi subject que tous à ceste loi commune, / D'un naturel fragile et qui se vient ranger / A quel poinct que l'humeur le force de changer..."Il semble bien qu'ici l'influence d'Huarte se fasse plus fortement sentir.Car l'humeur, c'est le flegme, le sang, la bile, c'est la mélancolie, c'est ce qui répond aux quatre éléments chers au médecin espagnol. Nous en sommes les esclaves, déclare Théophile, et déjà Huarte avait avoué que son système, poussé jusqu'à la rigueur, excluait l'idée orthodoxe de liberté .Mais plus certainement encore, Vanini a passé par là. Huarte ne parle jamais du destin et s'il nomme la nature, c'est pour la définir, très positivement et sans rien des rêveries du naturalisme italien, le total des quatre éléments. Au contraire, c'est une idée familière à Vanini que l'homme n'est qu'un des chaînons de la nature, sorti d'elle, asservi aux mêmes lois, et docile esclave du Destin. またテオフィルはテレジオ、ブルーノ、ヴァニニに対しても強い影響を与えたアリストテレス以前の哲学者にも熟慮を重ねたと、彼の友人はその哲学的瞑想を次のように描写する。さらにそこからヴァニニ的プラトン解釈、或いはリベルティナージュなプラトン解釈ともよべる理論を展開するのである。 "Là, Théophile, avec plaisir, Nous considérions à loisir / La force et le poids des mystères / Que ces vieux sages ont tracez. / Ensemble ils « resvassent» sur ces « bons Pères. » "La formule est intéressante. Ces vieux sayes, ces bons Pères, ce sont les philosophes grecs antérieurs à Aristote, ce sont, comme nous disons maintenant, les Présocratiques, dont la pensée est, au début du XVIIe Siècle, redevenue actuelle et vivante. C'est elle qui, depuis cent ans, a inspiré Telesio, Giordano Bruno, c'est elle que l'on discerne dans le fatras de Vanini. (...)Rien de simple et de stable. Chaque être recèle des qualités contraires. Théophile trouvait encore dans le Phédon une doctrine qui lui était familière: la contrainte du corps sur l'esprit, la servitude des passions. Il traduit, en forçant un peu l'idée, le texte de Platon. "L'homme n'a point de liberté, / Et ce que la divinité / Nous donne d'ardeur et de flame / Relasche ses plus beaux efforts, / Tant que le sentiment du corps / Participe à celuy de l'ame." Ce texte nous rappelle le début de l'Elégie à M. de C... que nous avons déjà commenté. Théophile y exposait sa conception de l'homme : d'une part la trempe des quatre éléments, source des passions et du déterminisme. D'autre part un élément céleste, un flambeau que la Divinité dépose en nous. D'autres textes nombreux, tous de 1620, viendront bientôt prouver l'importance que Théophile attache à cette idée. Par conséquent, ici encore, la traduction du Phédon l'amenait non pas à exposer des conceptions qu'il jugeât ridicules, mais au contraire à affirmer, sous l'autorité de Platon, un système qui était réellement le sien. La publication des Euvres nous permet de saisir dans son ensemble, à ce point de son développement, la pensée libertine de Théophile. Car maintenant, et cela est neuf, il existe une pensée libertine cohérente, une doctrine qui partant d'une intuition fondamentale, s'étend à tous les domaines de l'esprit, constitue une métaphysique, une morale, une politique, une esthétique. Jusqu'ici nous n'avions pu découvrir chez Théophile que des tendances, des affirmations fragmentaires. A présent, sa pensée est mûre : le système est construit. Lisons ensemble ces vers de l'Elégie à une Dame : "Celuy qui dans les cœurs met le mal ou le bien / Laisse faire au destin sans se mesler de rien :Non pas que ce grand Dieu qui donne l'âme au monde / Ne trouve à son plaisir la nature féconde, / Et que son influence encore à plaines mains / Ne verse ses faveurs dans les esprits humains." Ton de philosophe et non plus de sectaire. Et la doctrine qu'ils enseignent, nous la connaissons, c'est celle de Bruno et, plus proche de Théophile, celle de Vanini. Le poète en 1615 disait qu'il n'y avait pas de Dieu. Maintenant il parle de « ce grand Dieu qui donne l'âme au' monde ». Et il y croit. Comme Bruno certainement, comme Vanini sans doute, il admet l'existence, à la source de tout l'être, d'une Réalité infinie qui n'est pas simplement la somme des êtres visibles, mais qui les dépasse et les enveloppe. Cette réalité, il l'appelle Dieu. Mais ce n'est en aucune manière le Dieu des chrétiens, Dieu personnel, volontaire, capable de colère, de regrets, de rancunes, de pardons. C'est l'être infini, immobile, incapable de passion et sans doute même de conscience. Il ignore le monde et se borne à déverser incessamment sur lui son inépuisable richesse. Aucune relation de lui au monde, mais bien du monde à lui, car il « donne l'âme au monde ». Rien ne saurait mieux prouver l'origine italienne des doctrines de Théophile que cette expression. L'âme du monde est en effet, pour Bruno, l'intermédiaire nécessaire, dans la déduction des êtres, entre l'Etre infini et les êtres finis. Entre l'unité et la multiplicité, sa pensée réclame une transition. Qu'est au juste cette âme du monde ? Ne serait-elle pas un simple aspect de Dieu devenu immanent à l'univers visible ? Ne permettrait-elle pas de concilier la double nécessité d'affirmer un être transcendant et d'expliquer le monde par une immanence de Dieu ? Chez un philosophe il faudrait pousser le problème. Avec Théophile, il suffit de constater la tendance générale du système. Le poète n'allait certainement pas plus loin. En tout cas, l'idée de l'âme du monde le menait à un autre concept essentiel: celui de Nature. Dieu est inaccessible. L'âme du monde, déjà, est plus proche. Mais l'ensemble dans lequel nous nous mouvons, auquel nous sommes intégrés, c'est la Nature. Tout de suite nous constatons que ce mot suggère à T'héophile l'idée de fécondité. Quand un homme du XXe siècle prononce le même mot, il pense à l'ensemble des phénomènes que la science a observés, classés, mesurés. Quand Théophile le prononce, il voit un jaillissement énorme de formes, une source d'où s'échappent les êtres qui peuplent l'univers. L'intuition fondamentale diffère. Là encore Bruno et Vanini expliquent tout. Le livre de Vanini en 1616 n'était-il pas intitulé : De admirandis Naturae, reginae deaeque mortalium, arcanis ? Reine et déesse de l'univers, oui, telle est la Nature, au sens qu'après ses maîtres, Théophile donne à ce mot. De Dieu, de l'âme du monde il ne parlera plus. La Nature au contraire inspirera tout son système. Et c'est pourquoi il n'importe que de façon toute théorique de savoir si Théophile croyait en une transcendance quelconque. En fait toute sa pensée reposait sur l'idée d'une force immanente et son système pouvait à bon droit passer pour un pur naturalisme. La première conséquence qu'il en tire, c'est que le monde est déterminé. Puisqu'à l'origine des choses il n'y a pas, comme le veulent les chrétiens, une Providence libre, mais le jaillissement aveugle de la Nature, aucune liberté n'est possible. Un déterminisme absolu règle l'univers. Théophile l'appelle le Destin. Il écrit dans la Seconde satyre :"Que le sort a des loix qu'on ne sauroit forcer ; / Que son compas est droit, qu'on ne le peut fausser. / Nous venons tous du ciel pour posséder la terre, La faveur s'ouvre aux uns, aux autres se resserre ; / Une nécessité, que le ciel establit, Déshonore les uns, les autres anoblit." Mme Deshoulières
Avec Mme Deshoulières, la tradition libertine prenait l'aspect d'un véritable quiétisme. Ses poésies nous invitaient à éteindre en nous le désir et la pen sée, à demeurer dans un état de passivité heureuse. Elles recommandaient l'ignorance de l'esprit et le silence des passions. Elles évoquaient un monde antérieur au péché, où régnait une innocence sans lutte et sans effort.
デシューリエール夫人によって、自由主義の伝統は真の静寂主義の様相を呈した。彼女の詩は、欲望や思考を消し去り、幸福な受動状態にとどまるよう私たちを誘った。彼らは精神の無知と情熱の沈黙を勧めた。 彼らは罪以前の世界を呼び起こし、そこでは闘争も努力もなく無垢が君臨していた。